38.1 Gruissan 1
(oui, après la série des 35, voilà le 38... c'est moi qui décide, lol)
Je mapproche de la 206 noire qui a déjà le moteur allumé... il me voit approcher coté porte passager et il baisse la vitre
il me dit de rentrer dans la voiture... il est en train de fumer...
Jouvre la porte et je minstalle sur le siège.
« Salut » je lui lance.
« Tas envie de quoi ? » il me répond. Il a une bonne petite gueule de mec et en plus il a une voix virile
« Je m'adapte... »
Silence un brin lourd : je suis vraiment maladroit.
« Tu me suces? » il me lance.
« Tout ce que tu veux bomec... »
« On va trouver un endroit tranquille »
Il enclenche la marche arrière et on sort de Gruissan direction les étangs. Le gars nest pas très causant mais pendant le trajet, j'arrive quand même à lui faire dire qu'il a 23ans... Il lair de connaître les lieux
il repère un petit chemin et sy gare à coup sur.
Il arrête le moteur, enlève son t-shirt, et miam miam, il dévoile un petit physique pas trop musclé juste comme il faut
une fois la braguette ouverte, il sort une queue plutôt convenable de son boxer... il bande déjà...
Je me penche sur son entrejambe et je commence à lui polir le gland pendant qu'il continue de fumer... à un moment je sens sa main se poser sur le cou et exercer une pression pour que j'aille plus loin... aaaaaaaah j'ai trouvé ça... terriblement excitant....
Précédemment dans 50 nuances (de mépris) de Jérém : grande baise le lundi après-midi, après lépreuve de philo du matin ; le lendemain, jour de techno, disette ; mercredi cest lhistoire-géo le matin, la physique-chimie laprès midi ; Jérém sexy à en pleurer, Nico ny tient plus, il saventure à lui proposer une gâterie et se fait jeter ; ce soir là, sur la pelouse de St Etienne, Stéphane et Gabin croisent son chemin; jeudi cest les maths le matin, anglais laprès-midi : Nico, trop vener contre Jérém, a un geste à lencontre du beau brun que ce dernier napprécie guère : petite mise au point musclée suivie dune pipe dans les chiottes du rez-de-chaussée du lycée; vendredi après-midi, bio, Jérém dépose sa copie avant la fin de lépreuve ; Nico en fait de même pour lui courir après
il le retrouve assis sur les marches de lescalier; les regards se croisent.
« Descends ton froc, je vais te sauter comme une chienne ».
Samedi matin après le bac
Ça y est, le bac cest fini. Les révisions aussi. La plupart de mes camarades sen félicitent. Tous, pour ainsi dire. Du moins ceux normalement constitués. Pas moi. Car moi, si je le pouvais, je rajouterais 100, 1000, 10000 épreuves pour faire durer le bac à linfini
pour revoir mon beau Jérém que jaime et que je hais à la fois. Pour réviser, encore et encore. Mais la vie est ainsi faite, elle avance, il faut avancer avec et admettre que lon ne peut pas faire face à linéluctable. A la volonté de lautre qui ne va pas dans le même sens que la notre. Au temps qui redistribue les cartes sur la table de notre vie. Qui sait offrir des occasions inattendues et imposer des privations insupportables. Faire face à la séparation.
Il me manque. Terriblement. Même si je suis vraiment en colère contre lui. Oui, je suis en colère, après ce qui sest passé hier soir dans les chiottes du premier étage du lycée
cette fois-ci il a dépassé les bornes
quel connard ce mec
mais quest ce quil me manque, déjà, ce connard
Dans lattente des résultats du bac dans 15 jours, rien ne me retient sur Toulouse. Après la difficile semaine des épreuves, là où les épreuves les plus difficiles à affronter ne furent certainement pas celles posées sur une feuille du Ministère mais bien celles infligées par le comportement sans queue (ou plutôt avec queue) ni tête de mon beau brun, on décide avec Elodie de partir tous les deux à la mer.
Oui, le vendredi soir Elodie est chez moi. Le samedi à midi on est à Gruissan. Ses parents y ont un apart proche de la plage de la Mateille et depuis plusieurs années déjà elle dispose des clefs. On file direct à la mer. Jai envie de mer. Jai envie de contact avec leau. Jai toujours adoré ça. Me baigner à la mer. Ça me fait un bien fou, ça me détend, ça me calme. Et autant dire que cette année là javais tout particulièrement besoin de me détendre et de me retrouver. De soigner mes blessures.
On passe le portique et on roule sur la plage. Cest royal. Dès que les pneus de la voiture touchent le sable, je descend ma vitre. Le vent de mer caresse ma peau. Je veux courir à leau. Cest viscéral. Jai dû être poisson dans une vie antérieure. La voiture roule au pas et je me retiens de justesse douvrir la portière et de me précipiter dans la mer calme. On se gare au plus près de la barrière en bois limitant laccès des voitures.
Je descends, je suis déjà déchaussé, la plante des pieds touche enfin le sable. Sensation de bien être et de liberté. Je me débarrasse de mon t-shirt et je garde le short de bain que jai enfilé dès mon réveil
je sens le vent caresser ma peau et tout particulièrement la peau de mon torse, si peu habituée à être exposée
je le sens sinfiltrer à travers le tissu fin de mon short pour caresser mon bassin, mes fesses
sensation étrange et agréable que la fraîcheur du vent sur toutes ces parties de mon corps qui, le plus souvent couvertes par des vêtements, nont pas lhabitude de ce petit frisson, ce qui rend linstant encore plus spécial ; un ensemble de sensations si vives et dépaysantes qui me font dire à coup sûr : ça y est, cest les vacances.
Oui, les vacances, enfin. A une heure trente de Toulouse, je suis dans un autre monde. Je me sens bien. Il fait beau, je suis à la mer, le vent caresse ma peau, Elodie est là ; je me sens tellement bien que jai envie de pleurer
de joie
comme si mon esprit se libérait de tant de tensions, du joug de mes soucis habituels
je suis à fleur de peau
jai envie de courir à leau, je me dis que ça va sûrement me faire du bien.
On att les sacs avec les affaires de plage et on avance sur le sable
on sapproche de leau, cest le bonheur
je sens des papillons dans le ventre, mon regard se perd au loin dans la tentative dembrasser limmensité à laquelle il est confronté
la plage, la mer, le ciel, les vacances
jen ai la tête qui tourne tellement ça fait du bien dêtre là
On trouve un coin pas trop peuplé un peu en retrait, on plante le parasol, on allonge nos serviettes. Jaccomplis la corvée de la crème solaire à la va vite. Je suis trop pressé de retrouver leau, et tans pis pour les coups de soleil
de plus je naime pas me badigeonner partout
ça colle
ma cousine fait ça avec le plus grand sérieux et pendant quelle nen est encore quà la moitié supérieure de son corps, je me précipite en direction de leau.
Jy arrive en trois enjambées. Petite déception, à vrai dire un tantinet attendue : leau est bien fraîche en ce milieu du mois de juin. Je tente de macclimater, les pieds plantés dans cette frontière mobile définie par le flux et le reflux de leau. Mes orteils ont du mal à shabi à la température trop basse. Je prends sur moi et je tiens en place. Ma cousine me rejoint enfin. Elle trempe un orteil et le retire illico.
« Tes vraiment un grand malade, toi
comment tu fais pour rester là
leau est glacée »
Les filles trouvent toujours que leau est glacée. Mais là je ne peux pas dire le contraire. Cependant, mon envie de mer est telle que jai décidé que je me baignerai coûte qui coûte. Cest sous le regard interloqué de ma cousine, et en partie en défi de ce dernier, que soudainement je trouverai le courage davancer dans leau
Jadore la et davoir toujours pied
pas après pas, mes jambes trouvent le contact avec leau ; petit choc quand mes parties sensibles touchent la mer froide
leau arrive désormais en haut de mon bassin, à la limite de mon ventre
Oui, leau est limite froide
mais ce nest pas ça qui mempêchera de me baigner, de laisser mon corps tout entier retrouver lindescriptible sensation dêtre en contact avec les éléments.
Jinspire un bon coup, je mon projette en avant, mes pieds quittent le sable, mon torse, mes épaules, mon dos, ma tête plongent dans leau
cest un choc assez important
je nage deux brassées et jémerge dun bond
bonjour la mer
comment vas-tu depuis lan dernier ? Me revoilà, cest Nico
Jai un peu froid mais je suis trop bien
je replonge, je fais plusieurs brassées, le mouvement chauffe mes muscles, je trouve un équilibre thermique précaire
je me pose pour retrouver mon souffle, jai toujours pied, ce nest quun instant, jai froid de suite, je me dis que je peux tenir un peu plus en reprenant à nager
jessaye, mais léquilibre thermique est désormais rompu, jai vraiment trop froid, je bondis hors de leau comme un fou
comme un saumon remontant la rivière
je croise le regard de ma cousine, elle se moque de moi, elle a lair de me prendre pour un dingue
je la vois poser son index sur sa tempe et faire ce mouvement circulaire alterné qui veut tout dire
Je suis frigorifié, et en sortant de leau je trouve que le vent est lui aussi plutôt frais. Je tremblote et jentends Elodie me lancer :
« Tes reformé P4, toi, non ? »
Elle rigole tout en gardant son sérieux, ce qui me fait délirer. Je me sèche vite fait et je mallonge à plat ventre sur la serviette. Ma cousine mimpose une application complémentaire de crème solaire sur le dos. Elle létale avec rigueur et méthode.
« Tu me fais pitié
je ne veux pas passer la soirée aux urgences des grands brûlés »
Jadore la mer, jadore la plage. Jadore me baigner, jadore mallonger et sentir le vent sur ma peau. Jadore tout ce qui se passe sur la plage. Sous leffet de lexposition au soleil, jarrête petit à petit de grelotter
je regarde ma cousine assise, appuyée sur ses coudes, balayer lespace à au moins 180° discretos derrière ses lunettes de soleil. Elodie est class. Drôle et class à la fois. Elle déchire.
« Tu mates quoi ma cousine ? »
« Les mouettes, mon cousin, les mouettes
» répond-elle sur un ton très sérieux tout en soulevant ses lunettes, le regard rivé sur un beau sapeur pompier tout en muscles t-shirt blanc, short rouge, lunettes noires de bogoss traversant la plage pile à notre hauteur.
« Cest ça
prends moi pour un con
»
« Non, mais tas vu comment il est gaulé ce type ? »
« Ah, oui, je vois
»
La plastique parfaite des sapeurs pompiers de lAude : une valeur sure. Quand je pense que encore la veille je couchais avec un « truc » qui ressemble à ça
putain quest ce que jai eu comme chance
Cest là que lon part dans un de ces délires qui rendront ces vacances si inoubliables pour moi. Lannée 2001 nétait même pas à sa moitié et elle mavait déjà apporté tant de choses
si seulement à ce moment là javais su que je navais encore, pour ainsi dire, rien vu
« Mais tas vu ce petit cul rebondi ? » enchaîne Elodie. Je narrive pas encore à croire que lon a ce genre de conversations avec ma cousine. Je trouve ça très drôle, drôle et libératoire. Je la seconde, ravi. Ça fait du bien de pouvoir être enfin moi-même. Massumer. Navoir rien à cacher.
« Oui, Elodie, mais je tavouerai que chez un mec, cest plutôt le torse qui mimpressionne
le cou, la chute dépaules, ses biceps »
« Ouais
aussi, mais ce cul, franchement, tas pas envie de mordre dedans ? »
« Et puis, tu sais, Elodie, ton pompier il faut le voir sans lunettes de soleil avant de se prononcer
»
« Moi un mec avec un cul pareil, je prends le risque »
« Il faut aussi que le visage aille avec le reste »
« Je te dis que celui là je couche avec même avec un sac sur la tête » enchaîne-t-elle.
« Javoue que le t-shirt lui allait comme un gant » jadmets.
« Et tas vu le bas de ses cuisses
ses mollets
on dirait un joueur de rugby de ceux quils ont choisi sur ce nouveau calendrier pour nanas
cest comment déjà
les Dieux du Stade »
« Ah, jai entendu vaguement parler de ça
»
« Je me demande comment les responsables du club ont réussi à vendre à ces mecs si
mecs
si
jaloux de leur parties, lidée de se foutre à poil sur un calendrier
» commente Elodie.
« En tout cas chapeau » je relance..
« Oui, chapeau
» elle ajoute « jespère quils vont en faire un tous les ans »
« Jespère aussi
» jajoute.
« Et puis
qui a dit que cest un calendrier pour nanas ? » ajoute ma cousine.
« Oui, en effet, qui a dit ça ? » je plaisante « personne
ces mecs sont des dispensateurs de bonheur, et à ce titre leur beauté doit être considérée comme un bien public, accessible au plus grand nombre
»
« Mon cousin, tu prends tes rêves pour des réalités »
« A croire quils sont choisis sur catalogue
» jenchaîne.
« Je me demande
»
« Ton pompier avait un truc super sexy, ceci dit
»
« Quoi donc ? »
« Tas fait gaffe à sa chaînette quil portait bien en évidence hors de son t-shirt moulant ? »
« Ah, oui, ça cest super sexy
et tout particulièrement quand le mec est en train de
oups» - sinterrompt-t-elle, un brin gênée de se lâcher autant dans le feu de la conversation.
« De mettre des coups de reins ? » - je relance pour la mettre à laise et lui montrer quil ne doit pas y avoir de tabou entre nous, surtout pas cet été là.
« Oui, cest ça
»
« Quand elle ondule suivant ses mouvements, pendant quil prend son pied ? »
« Je vois que tu es connaisseur, mon cousin
»
Je souris. Jenchaîne.
« Moi ce que je trouve super sexy cest un t-shirt blanc ajusté sur un beau torse
»
« Porté tout simplement avec un jean bleu » complète-t-elle.
Jadore cette sensation : je commence les phrases, elle les finit. On est des esprits jumeaux. Le problème avec ma cousine cest quon aime le même type de mecs. Heureusement quelle sintéresse à des mecs qui me sont inaccessibles. Si on était copines, je pense quon ne le resterait pas longtemps.
« Un mec doit rester simple, simple et masculin » - jenchaîne.
« Les cheveux courts, ça cest sexy »
« Je suis daccord, ma cousine
et si en plus il a un tatouage
alors là je craque »
« Chaînette, tatouage
taimerais pas le genre bad boy
mon cousin ? »
« Oh, oui, un bomec un peu bad boy, ça cest tout ce que jaime
tu prends un brun avec un tatouage et une chaînette qui donnent une attitude genre petite frappe, un regard ténébreux
un coté racaillou, un peu sauvage
tout ça en contraste avec les cheveux courts et le t-shirt blanc, qui rappelle le look des militaires, des marines
la discipline
tu vois un peu le genre
on les voit partout dans les séries et les films américains
le contraste entre le coté petit merdeux et le look militaire, je trouve ça viril à se damner
vraiment ça me fait craquer
« Je vois très bien ce que tu veux dire
»
« Et si en plus le gars il a la peau mate, alors là miam miam
»
« En fait, le genre de mec qui te fait bander cest
Jérémie
»
Je ne réponds pas tout de suite. Je suis touché. Elodie sen rends compte.
« Pardon Nico ».
« Cest rien
cest juste que je nai pas trop envie de parler de lui
»
« Tas raison, on est ici pour samuser
fuyons les cons ! »
« Viens on va se baigner »
« Tes fou toi, même pas en rêve »
Je retournerai à leau, jy retournerai tout seul. Cette fois-ci je me baignerai plus longtemps, ma peau et mes muscles shabituant petit à petit à la température de leau. Quand je suis dedans, je ressens un réel effet bien être de lélément liquide sur la peau, et quand je sors jadore sentir le vent sur mon corps commencer à me sécher.
Je nage et sans men rendre compte je dérive et je méloigne un peu de notre campement. Hasard des courants ou aiguillage automatique de mon système de détection des beaux garçons, inconsciemment aimanté par la beauté masculine, je finis par me retrouver à proximité dune bande de quatre potes jouant dans leau avec un ballon.
Cest un jeu sans règles, car le ballon est tantôt frappé au pied, parfois renvoyé par des abdos tendus, le coup suivant il atterrit sur les pectoraux dun beau jeune homme bondissant de leau
tous les coups sont permis et parfois le ballon tombe loin, un des mecs sélance pour le rattr, il ny arrive pas, il plonge, se redresse aussitôt sous leffet dune puissance musculaire vive, joli petit physique plongeant et émergeant de leau, indescriptible expression de la beauté et du charme de la jeunesse masculine
il remet la balle en jeu de ses deux mains, et le pote qui la réceptionne la renvoie à son tour avec un coup de tête
Oui, tous les coups sont permis, car ce petit jeu cest juste un passe temps entre potes, il ny a pas de compétition, cest juste de la déconnade avec un ballon, un prétexte pour faire les cons, le plaisir dêtre en vacances, de lêtre ensemble, dêtre dans leau, de profiter dun bon moment entre potes
Ils ont tous la vingtaine, des physiques de jeunes hommes plutôt agréables à mater. Parmi eux, il y en a un qui sort nettement du lot et qui attire irrésistiblement mon attention : un petit brun pas très grand mais avec un petit physique harmonieux et bronzé, des abdos clairement dessinés sur la peau mate, deux tétons saillants que jai eu immédiatement envie de caresser et de lécher
un petit mec souriant, frais dune jeunesse débordante, lair sympathique, sans cesse déconnant avec ses potes au gré des évolutions de la balle
Je me fais la réflexion que je suis irrésistiblement attiré par des beaux bruns
et celui-ci est particulièrement sexy
petite chaînette de mec qui va bien
ça cest sacrement sexy, même Elodie est du même avis
je le regarde tout pris à son jeu, il sélance pour attr le ballon, il plonge, il se relève, sa peau dégoulinant deau salée, les cheveux trempes
il est beau
je le mate tellement que à un instant je finis par croiser son regard
ce nest quune fraction de seconde, je détourne mes yeux, je ne veux pas limportuner
je ne veux pas
cest surtout que je nose pas
car en vrai jaurais bien envie daller vers lui
et puis, entouré de tous ses potes, il faut admettre que la situation ne se prête pas à tenter quoique ce soit. Cest bien quand la situation se charge de trouver une excuse imparable à mon incapacité de saisir linstant.
Je les regarde pendant un petit moment et je me fais la réflexion que sil est vrai que ces mecs ont des plastiques inégales et des traits de visage plus ou moins à mon goût, ce qui ont quand même en commun cest un petit torse en V imberbe de jeune homme, la souplesse de leurs corps, un bronzage sympathique, linsouciance de leur jeunesse
le fait dêtre là, bien entre potes
ils ont tous mon âge ou à peine un peu plus et aucun dentre eux a lair de souffrir le martyre à cause dune histoire damour impossible
Je les case par défaut dans la catégorie des garçons normaux et je me dis que déjà ça doit être plus simple daimer les filles
de plus, jai limpression que cette proximité avec les potes, cette amitié, ce partage, cette communauté desprit est une expérience qui les aide à avancer en se sentant appuyés, entourés
cest peut-être cela qui ma manqué, et qui me manque toujours, une véritable complicité avec des potes, me sentir partie dun groupe, dune meute, dun tout
me sentir « comme les autres » et non pas une bête rare
je nai jamais vécu lexpérience de ces amitiés diffuses qui font que on a limpression (ou lillusion) de ne pas être seul, ce qui fait que « Pour ne pas vivre seul on se fait des amis/Et on les réunit quand vient les soirs d'ennui »
Certes, le fait de se sentir entouré et soutenu par la présence et la proximité des potes ce nest peut-être quune illusion, car devant tous les grands carrefours de la vie, les épreuves, les choix, on est seuls, toujours seuls
mais à cet age là, plus que à dautres saisons de la vie, on a besoin de cette illusion pour se sentir bien dans ses baskets, pour se construire. On aura le temps plus tard dans la vie dadmettre ou de choisir dignorer le fait que : « Pour ne pas vivre seul/On vit comme ceux qui veulent se donner l'illusion/De ne pas vivre seul ».
Peut-être que si javais été un garçon un peu plus sociable dans mes plus jeunes années, si javais su jouer au rugby ou fumer des cigarettes, boire de lalcool, déconner avec les garçons sans men sentir trop souvent impressionné ou, pire, attiré, si je navais pas constamment éprouvé cette crainte de me faire jeter, cette peur panique quon se moque de moi et qui ne me quittera jamais vraiment, peut-être quaujourdhui je serai plus fort, mieux armé pour faire face aux aléas sentimentaux, que mon besoin daffection ne serait aussi à vif, que je ne chercherai pas dans lamour, un substitut si important au vide qui est en moi. Peut-être que si jétais plus fort, je nen demanderai pas autant à lamour
et que, même en tombant amoureux, je saurais me préserver un minimum et non pas me faire happer tête la première et mexposer à autant de souffrance
Cest le ballon tombant à coté de moi et méclaboussant deau qui me tirera de mes réflexion cosmiques
les quatre potes me regardent
je suis intimidé
je croise le regard du petit brun et je me sens fondre sur place
quest ce quil est mimi
je suis presque tétanisé et il me faut un instant pour réaliser quils attendent que je leur rende le ballon
je finis pas leur balancer avec mes deux mains, gauche et maladroit comme je suis, je ne vais certainement pas me risquer de me ridiculiser en tentant de la balancer avec les pieds ou la tête
Cest le petit brun qui la réceptionne
certes, je nai pas visé au hasard, mais le vent ma un peu aidé
il me regarde, il sourit, il me lance un « Merci », couplé dun petit clin dil
putain de petit charmeur de serpents
je craque
les papillons dans le ventre
Une partie de moi a furieusement envie de jouer avec eux, de déconner avec eux, de prendre part à ce moment de bonheur
je suis a deux doigts de leur demander de me joindre à eux
pendant un instant je me vois déjà devenir leur pote, sortir le soir en boite, traîner toute la nuit, avoir une vie normale de mec de 18 ans, quoi
car ma fantaisie travaille et je repense alors à ces beaux mecs que je croise en bande sur la plage, ou le soir se promenant dans Gruissan City avec des beaux t-shirt tendus sur leurs épaules, enveloppant leurs torses, caressant leur biceps, dessinant un arrondi ou une échancrure en V si sexy à la base de leur cous, beaux garçons évoluant loin de moi, inaccessibles
Je les imagine sortir le soir, samuser entre potes, faire des rencontres en boite, avoir des aventures, vivre à fond leur jeunesse, leurs vacances, tout comme le fait mon beau et con Jérém, tout comme moi je suis incapable de le faire
est-ce que Jérém est lui aussi en vacances quelque part en train de samuser avec ses potes et baiser tout ce qui lui passe à portée de queue ?
Oui, je suis incapable de prendre partie à tout cela
je noserai jamais proposer à des inconnus, même pas en vacances, de prendre part à leur jeu
je sais que cela arrive, de nouer des amitiés éphémères en vacances
ça arrive mais pas dans mon monde
ça arrive quand on na pas deux mains et deux pieds gauches
quand on sait lancer une balle, quand on sait déconner sur leur longueur donde, quand on sait faire la fête, samuser, lâcher prise, quand on a quelque chose en commun avec eux, avec leur jeunesse
quand son cur nest pas alourdi par le manque dun beau brun
Je sais que cest peine perdue, que jamais je ne ferai partie dune meute de garçons de mon âge. Je regarde une dernière fois le magnifique petit brun en train de faire rebondir la balle sur ses abdos finement dessinés
je ne sais pas si je suis plus attiré pas sa beauté exceptionnelle ou par la complicité avec ses potes
cest un tout qui me charme et qui mémeut
qui me rend triste à la fois, car jen suis exclu
Je décide de partir, de méloigner de cette image de jeunesse insouciante qui me rend si envieux et si triste. Je sors de leau et je vais retrouver ma cousine.
« Tas assez dragué mon cousin ? »
Rien ne lui échappe. Elle ménerve.
« Jai pas dragué
»
« On aurait dit un requin tournoyant autour de sa proie avant lattaque finale »
« Je pourrais tourner autour jusquau réveillon, jamais je noserai attaquer »
« Ils sont bogoss ? »
« Oui, un en particulier
»
« En bande cest impossible »
« Même sil avait été tout seul, ça laurait été »
« Hétéro ? »
« Je pense, je ne sais même pas le voir
»
« Comment ça, tas pas un gaydar ? »
« Un quoi ? »
« Un gaydar, un gay radar
un radar pour détecter les gays, enfin, cousin
la légende court comme quoi vous vous reconnaissez à coup sûr entre vous »
« Bah, ce nest vraiment quun légende
en tout cas en ce qui me concerne ça en est une
de toute façon, même si ce petit mec avait ce penchant, il est bien trop beau pour sintéresser à un type comme moi»
« Dit le mec qui sest tapé
oups ». Elle est parfois maladroite ma cousine.
« Il est beau, mais ça ne vaut mon beau Jérém »
« Tu as dit mon beau Jérém
»
« Oui
parce quoi quil arrive, ce mec sera à jamais mon beau Jérém à moi » je lui réponds du tac au tac, au même temps que je sens une vague de larmes monter à mes yeux et sarrêter juste avant de commencer à couler sur mes joues.
« Tu es touchant mon cousin »
« Si tu veux dire que je suis con, tu as parfaitement raison, mais je ne peux rien y faire
»
Elle me sourit. Je me sens déjà mieux. Elle décide de retourner à ses magazines de gonzesse. Je reste sur ma serviette, en position mi allongée, le dos incliné à 45 degrés, appuyé sur mes coudes, une position qui me fait inévitablement penser à certaines attitudes dun certain beau brun pendant certaines situations plutôt chaudes
initié par cette image insoutenablement érotique, attisé par la caresse du vent sur mon torse et plus particulièrement sur mes tétons, je sens la trique monter dans mon maillot de bain
je tente de me secouer, je laisse mon regard dériver sur la plage
je suis heureux dêtre là, jessaie de penser à autre chose mais ma trique persiste
Jannonce à ma cousine que je vais retourner à leau. Elle mannonce quelle compte rester avec ses magazines de gonzesse. Ca marrange, je ne veux pas quelle voit que je bande. Elle serait capable de se moquer de moi pendant des jours. Jy vais franco, mais je me rends vite compte que leau est vraiment fraîche. Jy reste un petit moment, ce qui a un effet radical sur mon érection naissante. Lorsque je ressors un instant plus tard, la bête a bien perdu de son panache. Je souffle. Jai envie de marcher. Et je suis désormais en condition de le faire.
Marcher, marcher, marcher seul pendant des heures sur la plage entre sable et eau en cherchant répit à ma tristesse et en me consolant en guettant le bogoss, lanti-dépresseur naturel par excellence.
Dans ma recherche ciblée, parcourir la plage, me plonger dans un écosystème à part entière. Partout, au bord de leau, voilà en vrac lartillerie lourde en plastique déployée pour bâtir des châteaux de sable conçus avec grande application par des s et des parents fatigués et aussitôt emportés par la mer ; au fil de mes explorations, je tombe sur une voiture de police à moitié ensevelie dans le sable
Souvenirs denfance, souvenir davoir moi aussi possédé un petite voiture de police semblable à celle là, souvenir davoir moi aussi fait des châteaux de sable et avoir vu la mer les reprendre aussitôt
avoir longuement travaillé et avoir vu la mer effacer mes efforts
cest ça qui est dingue, on la voit dès le plus jeune age, on la touche du doigt en étant , devant un château de sable effacé par la mer, cette précarité de toute entreprise humaine, la conscience que tout est éphémère, la preuve en images que rien ne dure; et, comme beaucoup de choses, on loublie en grandissant
Quand on y pense, cest bien à cette précarité, à cet état définitivement provisoire que tient le plus grand charme des choses et des gens. Cest dur de ladmettre, mais cest bien une réalité.
Marcher sur la plage, croiser parfois une cigale échouée entre le flux et le reflux en train de se noyer; laisser des traces sur le sable que leau efface un instant après mon passage, relativiser par moments mes soucis, et linstant daprès me faire rattr par la souffrance, la tête qui explose de chagrin face à linéluctable, sentir tous les sentiments remonter dun coup, avec une violence extrême
inutile, impossible de lignorer
il me manque, cest horrible, cest comme si on marrachait le cur, jen ai mal dans la poitrine.
Me poser alors sur le sable, terrassé par la souffrance, le souffle coupé, les larmes au bord des yeux : me poser face à la mer, la regarder fixement ; penser au temps qui passe, à hier encore où lon venait à la mer en famille, à aujourdhui où lon est que tous les deux, Elodie et moi : un an de plus, un autre encore, on devient grands ; le vent sur la peau, regarder longtemps la mer immuable et éternelle, qui était là tellement de temps avant moi et qui le sera bien longtemps après, me sentir petit devant ces immensités, celle de la mer, et celle du temps
Sentir ma souffrance sans importance, un petit grain de sable de rien du tout à léchelle de la mer, de lUnivers, réaliser que tout ce que je peux vivre a si peu dimportance à léchelle du Tout, que de nos joies, de nos souffrances, lUnivers tout entier sen moque éperdument
penser que dans cinquante ans, dans cent ans, dans dix mille ans on ne sera plus que poussière et que cette souffrance naura plus dimportance, personne ny pensera plus, personne ne se souviendra de notre passage sur terre comme lempreinte laissé sur le sable que une vague efface sans pitié
cest dur de se dire cela, alors que ces petits rien dont lUnivers se moque, cest bien notre Tout, notre Univers à nous.
Souffrir autant, à quoi bon ?
Si seulement ça avait pu se terminer autrement, si seulement javais su être à la hauteur
peut-être quon baiserait encore et quil naurait pas été si virulent avec moi
Vendredi soir, juste après le bac bio.
Une des portes des cabines est ouverte, je croise son regard, on se comprend. Je my dirige illico. Leau du lavabo sarrête, il memboîte le pas. Je rentre dans la cabine, je le sens juste derrière moi, ses baskets touchent les miennes, il est pressé, il me bouscule pour rentrer dans le petit espace et refermer la porte derrière lui. Il fait chaud, très chaud.
Je nai pas le temps de me retourner, jentends le bruit du tissu qui tombe derrière moi, jai juste le temps de voir avec le coin de lil quil a tombé son short et que sa queue ainsi découverte pointe le zénith
de voir quil a fait passer lavant de son débardeur derrière la tête
le rêve de la veille devient réalité, cest sexy, terriblement sexy
il me saisit par les épaules, il plaque sa queue contre mon short, il la cale dans ma raie, avec une main il appuie fermement entre mes omoplates pour me faire plier le buste
il soulève mon t-shirt, il plie son buste, la peau de ses abdos est collée contre la peau de mon dos, cest doux et chaud et extrêmement excitant
il se penche sur moi, sa bouche est à quelques centimètres de mon oreille
je sens son souffle sur mon cou, dans mon oreille :
« Descends ton froc, je vais te sauter comme une chienne ».
Ça me rend dingue tout ça
il fait très chaud dans ce petit espace confiné, mais je crois quil pourrait faire moins dix que jaurais chaud, très chaud
jai trop envie de lui
je me défais très vite de tous les tissus qui couvrent mes fesses et je me retrouve avec sa queue en contact direct avec ma raie. Son gland la parcourt à plusieurs reprises, et un instant plus tard je reçois deux bons crachats juste entre mes fesses
avec son gland il étale sa salive dans ma raie et sur mon ti trou
sa queue ainsi enduite trouvera bien vite lentrée de mon anus
Son gland force à peine sur ma rondelle et voilà que celle-ci cède, docile, sous la pression de son attribut de mâle. Il est en moi, il mencule. La sensation du passage de son gland en train de penetrer mon intimité est super excitant. Il commence à me limer sans plus attendre. Cest brutal, ses coups profonds et rapides
il veut jouir vite, on na pas vraiment le temps, il faut que lon quitte les chiottes avant que les épreuves se terminent
soudainement je me surprends à me demander pourquoi a-t-il voulu me baiser dans les chiottes alors quon aurait pu aller chez lui comme lundi dernier
est-ce quil ne veut en réalité que se soulager les couilles une fois encore vite fait, sans avoir à se coltiner ma tronche de chien battu une fois laffaire fini ?
Belle façon de se dire adieu
je naurais pas du le suivre ici
quest ce que je peux être stupide parfois
une fois de plus il claque des doigts et je suis « à ses pieds »
ou plutôt « à sa queue »
à hauteur de sa queue
en plus je me rends compte que je ne prends vraiment pas mon pied
je narrive même pas à bander tellement la situation est humiliante, tellement je suis pris dans leffort de ne pas tomber à lavant, tellement ses coups sont violents
je sens quune fois de plus Jérém ne se preoccupe que de son plaisir, on dirait vraiment quil sen fout de moi, il veut juste jouir ce petit con
à posteriori, je me dis que jaurais du partir à ce moment là, dès que jai commencé à sentir les premières sensations désagréables, me déboîter de lui avant de me laisser faire plus de mal
mais cest un truc dont je serais bien incapable
comment oser se déboîter dun mâle approchant de lorgasme ???
A un moment jai vraiment mal, je ne suis plus du tout excité, je me dis que je vais attendre que ça passe
hélas, je suis si contrarié par la situation et par son attitude que jai envie que tout cela sarrête très vite, de suite même, je nai plus du tout envie quil jouisse en moi
la douleur augmente, ça devient presque insupportable
Le bruit dun avion qui traverse le ciel tractant avec une banderole de pub se charge de me tirer de mon souvenir déplaisant. Je suis toujours assis sur la plage de la Mateille, face à la mer. Jai du mal à revivre ce moment, notre dernière baise. Je regarde inlassablement le flux et le reflux de leau, et je ressens dans mon cur des sentiments contradictoires onduler avec la même cadence.
Sentir dabord monter en moi la vague déchirante de la culpabilité, le regret davoir tout gâché avec ma faiblesse
me dire que oui, si seulement javais su être fort, ne pas le saouler avec mon besoin de câlins, ça se serait passé autrement entre nous
me flageller en me disant que tout simplement je lui en ai trop demandé, et jai tout perdu
sentir monter en moi ce sentiment, le sentir inonder mon cur, me prendre à la gorge, m
Et puis, un instant plus tard, changement de polarité de mes émotions
sentir ma culpabilité se retirer, se dérober de mon cur comme la vague sur le retour sous mes pieds
me dire alors que mon besoin de tendresse est normal, légitime, que cest impossible davoir une entente sexuelle aussi forte avec quelquun sans quil y ait autre chose que de la baise
me dire que cest normal, que jai vraiment besoin de cela, que la nuit après lEsmeralda ça aurait dû arriver plus souvent
oui, jai envie de plus que le sexe avec ce mec
Me flageller et me consoler sans cesse pour arriver à la conclusion que, dans un cas comme dans lautre, peut être je ne suis tout simplement pas la personne dont il tombera amoureux
Et puis retrouver espoir quil puisse éprouver quelque chose pour moi, même sil ne veut pas lassumer
tenter de décrypter chacun de ses mots et gestes pour y entrevoir un espoir
penser au sandwich quil ma offert le lundi avant de mamener chez lui et me dire que cest gentil, presque émouvant
et un instant plus tard repenser à sa froideur, à la méchanceté avec laquelle il ma envoyé balader le mercredi quand je lui ai proposé une nouvelle révision ; repenser à la douceur de son regard la nuit de lEsmeralda et un instant plus tard me sentir révolté, meurtri par la baffe quil ma mis dans la gueule, par les mots durs et blessants quil a eu lorsquil ma rattrapé dans les chiottes après mon doigt dhonneur
Mais malgré tout cela, au delà de tout, il me manque. A en crever, il me manque. Pourquoi est-il si con ? Qua-t-il vécu pour être si incapable de se laisser aller ? Pourtant je sais quil en a envie aussi, il me la montré, il y a en lui un vrai potentiel de tendresse
quest ce qui le bloque ? Une fierté masculine mal placée ?
Sentir enfin la rage menvahir, un sentiment dinjustice immense et inéluctable, me sentir impuissant et saturé de colère face à ce gâchis épouvantable quest la fin de lhistoire avec mon beau brun
oui, mon beau brun
comment est-il possible quil soit devenu si important pour moi alors que lui il en a rien à carrer de moi ? Réaliser que je nai été que son vide-couilles et me sentir brûler de lintérieur
avoir envie de crier, de cogner
me lever presque dun bond, marcher, marcher et marcher encore pour tenter de me calmer, pour évacuer la rancune
marcher et sentir le vent sur ma peau, le vent, ce putain de vent, quil sappelle dautan ou de la mer, toujours présent lors des grands moments de mon histoire avec Jérém. Fidèle à lui-même, le voilà se manifester alors que le mot « fin » est en train de sécrire.
Je laime, il ne maime pas. Il ny a pas de solution. Je suis triste, triste à en crever, je sens les larmes couler sur mes joues et sécher dans le vent
je laime, je lai aimé, et cest beau, de toute façon je navais pas le choix
je ne regrette rien, car tout ce que jai fait je lai fait par amour, y compris les erreurs
je voulais juste être bien avec lui
je suis un jeune homme bien trop naïf qui demande beaucoup trop à lamour et aux hommes, surtout au mauvais homme
je me dis que face à la nature définitivement provisoire de toute chose, il ny a que lamour qui compte, tout donner pour tenter dêtre bien avec lêtre que lon aime
oui, il ny a que lamour qui compte, le seul qui ait du sens, même quand il est fini.
Pris dans mes pensées, jai marché si loin que jen ai perdu la notion du temps : je nai pas de montre, je ne sais pas depuis combien de temps je suis parti ; je regarde la plage et je me rends compte que je suis peut-être plus proche de Narbonne Plage que de Gruissan. Je fais demi tour en me disant quil faut que je me dépêche, car Elodie doit commencer à se demander où je suis passé. Je commence à sentir la fatigue semparer de mes muscles.
Lorsque jarrive enfin au parasol, je la trouve toujours le nez fourré dans ses magazines de pisseuse.
Je nai pas le temps de mallonger sur la serviette quelle me branche.
« Vas-y raconte
»
« Tu veux que je te raconte quoi ? »
« Bah, raconte
il était comment ? »
« Qui, ça ? »
« Le mec que tu tes tapé
quoi dautre ? »
« Je ne me suis tapé personne
»
« Tu me fais marcher »
« Non, ma cousine
tu sais bien quelle cata je suis de ce coté là comme dans beaucoup dautres
»
« Tu déconnes
même pas une petite gâterie ? »
« Même pas
»
« Tas fait quoi alors, pendant tout ce temps ? Tes parti au moins trois heures
»
« Jai marché sur la plage, jai réfléchi
»
« Arrête de te faire du mal et regarde le paysage masculin
taura remarqué que par ici, le bogoss ce nest pas ce qui manque
et jen ai même vus qui semblaient plutôt pour toi que pour moi
»
« Je ne sais pas où tu les as vus, mais moi jai rien capté
et quand bien même
les beaux mecs ne sintéressent pas à un type comme moi
»
«
dit le petit jeune qui a couché pendant des mois avec le mec, certes, le plus con de la ville, mais presque sûrement le plus canon »
« Arrête de parler de lui, sil te plait »
« Mais enfin Nico
arrête de te pleurer dessus
je te lai déjà dit un million de fois, tu es un gars super mignon
il faut juste que tu apprennes à croire en toi
que tu trouves un peu dassurance
les mecs viendront à toi comme des moustiques sur une ampoule allumée dans la nuit
»
« Cest ça, fous toi de ma gueule »
Elle ne répond pas, préférant replonger dans les pages patinées de sa revue que continuer la discussion avec une cause perdue dans mon genre.
Je décide de mallonger pour me détendre. Je ferme les yeux me coupant ainsi du monde visuel pour de me concentrer sur dautres mondes sensoriels. Je me laisse bercer par le « Concerto de la Plage », ce chef duvre estival rythmé par le bruit ininterrompu de la mer, par le balancement incessant des accords du flux et du reflux ; cadencé par celui des cigales stationnés dans la broussaille à larrière de la plage ; ponctué par les cris parfois joyeux, souvent capricieux des s ; saccagé par les discours le plus souvent sans intérêt des voisins de serviette : le tout modulé par la direction artistique du vent de mer qui caresse la peau et qui susurre bien de choses à mon oreille, et à mon esprit.
Je me laisse transporter par lodeur de la crème solaire dont ma cousine sest largement enduite ; contrairement à moi qui, à cause de la flemme de me badigeonner la peau dune crème gluante, je risque en permanence le coup de soleil. Même si je naime pas trop en mettre sur la peau, lodeur de la crème solaire a pour moi depuis toujours le parfum des vacances. Le sable est désormais partout, sur les serviettes, sur la peau, dans les maillots : inutile de lutter ; le soleil tape, le vent caresse. Cest la plage. Me détendre peu à peu et me sentir partir dans un petit sommeil.
Lorsque jémerge une demi-heure plus tard, un couple sest installé à quelques mètres de nous. Un gars, une fille : petit couple charmant, ils doivent être ensemble depuis peu, car ils narrêtent pas de se faire des papouilles. Le mec est plutôt du genre bogoss, une épaisse chevelure châtain foncé coupée assez courte, un torse plutôt dessiné et bien proportionné
il a lair gentil garçon, attentionné, il a vraiment lair amoureux
la beauté du gars mattire, leur intimité mintrigue et mexcite
je narrive quasiment pas à en détacher les yeux mais il est tellement à sa copine que je narrive pas à capter son regard ne serait-ce quune seule petite fois
ce qui me laisse de loisir de mater à mon gré et de me laisser aller à imaginer ce beau corps musclé dans lamour la nuit davant
limaginer faire lamour à sa copine et par ricochet repenser à la fois où javais surpris Jérém en train de baiser Sarah juste avant une de nos révisions
comme mon beau brun, ce garçon est vraiment trop beau pour être hétéro
cest sur quil lont fait la nuit davant, peut-être même ce matin ou entre midi et deux
la fille aussi a lair emballée par le garçon, lair davoir en permanence envie de lui
et je me dis que moi à sa place je ferais lamour à longueur de temps à un mec pareil, si beau, si gentil, si amoureux
Je suis perdu dans mes rêveries et soudainement ma cousine approche la bouche de mon oreille pour y chuchoter, le ton faussement réprobateur :
« Quest ce que tu regardes, mon cousin ? »
Moi, du tac au tac, sans même détourner le regard de la scène sensuelle à laquelle jassiste avec bonheur et excitation : « Les mouettes, ma cousine, les mouettes
»
« Je me disais bien que lornithologie était une science qui pourrait retenir ton attention
»
« Tout comme que la tienne, si je ne m » je lui réponds.
« Tout à fait, tout à fait » - conclut-t-elle, associant un ton de voix ironique à une expression de plus sérieuses, dans un contraste qui me fait esclaffer de rire. Heureusement quelle est là. Sans elle je serais en train de pleurer dans ma chambre à St Michel. Grâce à elle je suis sur cette plage en train de mater du bogoss et den rigoler avec elle. Vraiment, jai de la chance de lavoir.
Je continue de les regarder
comment je voudrais quil soit là avec moi, comme ce bogoss à coté de cette fille chanceuse, en train de me faire des câlins
je sais que je rêve les yeux ouverts et que je me fais du mal, mais jai si envie de sentir ma peau contre la sienne
Comment je voudrais quun sms arrive, quil me demande où je suis, quil vienne me rejoindre
dans un élan désespéré, je tire mon portable du sac de plage et je le consulte
hélas lécran reste inexorablement muet
je sais que ce nest quune illusion, que je prends mes rêves pour des réalités, pourtant je ne peux pas mempêcher de me sentir déçu et humilié
je me dis quaprès ce qui sest passé vendredi, il me doit bien un sms
Le 18 août dernier, lhistoire de Jérém et de Nico a fêté son premier anniversaire. De nombreux épisodes ont été publiés et au moins autant sont en chantier avant le dénouement final. Des épisodes très chauds, parfois bouillants, alterneront des épisodes plus sensuels, introspectifs
Nico nest pas quune machine à baiser et lhistoire avec le beau Jérémie ne sera jamais simple.
A loccasion de ce premier anniversaire, je trouve quil serait sympathique que ceux qui le veulent puissent partager avec les autres lecteurs le souvenir, le moment, la scène, limage, la situation, la baise les plus marquants, les plus chauds, les plus emblématiques dans les épisodes publiés jusquici.
Tous ceux qui laisseront des commentaires avec leur mail, recevront lépisode suivant en avant-première dès son achèvement.
Merci pour vos commentaires, les positifs comme les négatifs. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais chaque commentaire participe à faire évoluer lhistoire et à gratifier lauteur pour son travail. Merci pour lintérêt que vous portez à cette histoire.
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